MAISON
Michèle Assal, Mario Côté, Michel Daigneault, Nicolas Fleming, Nathalie Grimard
Commissaire : Jocelyne Aumont
La maison n’est ni une image, ni un concept, ni un objet empirique, ni un type architectural, mais une manière d’être à l’espace, un mode de comportement. La maison n’existe que lorsqu’habitée et nul n’existe sans habiter. Benoît Goetz1définit la maison comme un schéma au sens d’un rythme et d’un dynamisme configurateur.
Les cinq artistes de cette exposition s’inscrivent dans ce rapport dynamique à la maison. La maison comme vision de soi et du monde, la maison qu’on s’approprie, la maison qu’on investit, celle qu’on habite et celle qu’on doit quitter.
De plus, la maison évoque aussi le lieu de départ. Comme lieu de passage qui protège, aux yeux des autres, nos amours, nos joies, nos souffrances, nos secrets. Un lieu qu’on devra inévitablement, un jour, quitter. Le risque est d’envisager qu’un simple locataire oublie qu’il occupe provisoirement l’espace.
Michèle Assal montre les différents états de la maison. La maison n’est pas une image, c’est au contraire à partir de la maison que le monde se propose à être éventuellement contemplé en vision. C’est, à travers la pensée, une manière d’habiter le monde. Elle devient le reflet de nos états d’âme, se modifiant selon nos humeurs.
Nicolas Fleming a construit à l’échelle une maison qu’il a vue, mais il a décidé que cette maison devient une maison-musée nomade. Celle-ci possède déjà une banque d’œuvres répertoriées dans un entrepôt-réserve qui permet à un conservateur de réaliser des expositions temporaires. C’est le projet MuNeD (The Museum Next Door). Dans cette maison se tient une autre exposition, intitulée La maison d’à côté.
La maison qu’on investit. Selon Gilles Deleuze, le philosophe fait de la maison l’utopie du chez-soi, ce non-lieu qui permet d’envisager le monde (Le pli Leibniz et le baroque, Paris : Éditions de Minuit, 1988). La maison est un pli de l’espace lui-même. Que devient la maison lorsqu’elle est aussi l’atelier de l’artiste ? En s’inspirant de l’atelier de Piet Mondrian, Mario Côté prolonge la proposition.
La maison se remplit peu à peu d’objets. On habite toujours avec quelque chose. Il se crée une ordonnance des objets. Michel Daigneault envahit l’espace de ses tableaux de grandes feuilles de plantes ornementales qui modifient la lecture de son espace pictural. Tandis que Nathalie Grimard parle de la surcharge d’objets qui envahit notre espace quotidien. À la suite d’un héritage, le contenu d’une autre maison se retrouve déversé dans son univers. Comment gérer ses objets remplis d’affects ? Cela l’a menée à en faire une rétrospective de la mémoire.
Et pour boucler le parcours, l’exposition dans son ensemble devient un temps pour réinvestir le lieu de la galerie et, en un certain sens, revenir à la maison.
1. Benoît Goetz. 2011. Théorie des maisons. L’habitation, la surprise. Lagrasse : Verdier, collection « Art et architecture ».